- (Actes Sud, 2017)Divertissement© Isabelle Mayault(Actes Sud, 2017)DivertissementnonImage
Jadis princesse à tubes pour le compte de Disney, puis reine de la scène et de la danse, la chanteuse Eden a fait les délices de la presse à scandales tout le temps qu'aura duré sa dégringolade. En 2022, disparue des médias et des magazines, elle vit de ses rentes entourée de quelques fidèles (son assistante personnelle, son agent, son masseur, son papa...), ne s'est pas montrée depuis dix ans, vit mollement et ne s'ennuie même pas. Un animateur vedette menacé d'éviction par la chaîne qu'il a contribué à rendre prospère propose à Eden d'être l'unique invitée de la grande dernière édition de son émission de talk-show... Un roman acide sur les dérives de la société du spectacle et sur les ravages psychologiques de la notoriété.
Thomas Coppey a publié Potentiel du sinistre (Actes Sud, 2013) et Divertissement (Actes Sud, 2017).
* 2014 : invité au Festival du Premier Roman pour son premier roman Potentiel du sinistre
* 2018 : sélection Prix Littéraire du 2e roman pour DivertissementnonImagePotentiel du sinistre(Actes Sud, 2013)Plus d'infos
Bienvenue au sein du Groupe ! Chanard, nouvelle recrue de la cellule ingénierie financière d’une banque importante, a le profil idéal pour être un vrai “performer” se reconnaissant pleinement dans les “valeurs” de l’entreprise : à la recherche de “l’excellence”, il a appris à évoluer dans la “culture du risque”. La reconnaissance de ses capacités est la pierre de voûte de sa vie : son mariage avec Cécile est lui-aussi sur le chemin de la “réussite”, les deux jeunes cadres pouvant offrir à leur petite Capucine un environnement propice à son “épanouissement”. Devenu rapidement manager d’une équipe et désireux de laisser sa marque, Chanard se lance dans la conception d’un produit financier aussi novateur qu’audacieux permettant de miser des capitaux sur le risque de catastrophes naturelles. Le produit, baptisé cat-Bonds, qu’il conçoit et propose aux clients, joue sur l’équilibre fragile entre la probabilité d’une catastrophe naturelle exceptionnelle (type Katrina) et le gain que rapporte une “assurance des assureurs”. Il fallait y penser : exploiter au mieux le potentiel du sinistre. Tout va bien dans le meilleur des mondes, même en cas de désastre. La fréquentation de Vautier, un collègue et ami jugé “instable” par la hiérarchie, fait cependant entrer le grain de sable du doute dans la machine bien huilée de la logique managériale. La crise, financière et psychologique, n’est pas loin. Dans ce premier roman, Thomas Coppey développe une parabole impitoyable et très fine sur la dépossession de soi : l’illusion d’un possible épanouissement personnel dans l’accomplissement professionnel est mise à mal par la puissance aliénante de la pensée managériale. La force et la subtilité de Potentiel du sinistre résident dans la restitution rigoureuse d’un discours. Recréé par un travail très réussi sur la langue, il envahit tous les aspects de la vie de Chanard : son quotidien professionnel et ses séances de coaching managérial aussi bien que ses rapports familiaux, ses questionnements éthiques et sa propre parole. L’auteur démonte avec brio les rouages de la phraséologie d’entreprise, montrant sa froideur rationnelle et sa logique implacable aussi bien que ses formules ridicules. Réussite formelle tout autant que narrative : très vite, le lecteur vacille entre l’ironie et la compassion, s’attache au personnage de Chanard, se laisse prendre au jeu du pari financier et humain.