- (Gallimard, 2016)Chanson douce© C. Hélie / Gallimard(Gallimard, 2016)Chanson doucenonImage
Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d'un cabinet d'avocats, le couple se met à la recherche d'une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l'affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu'au drame.
À travers la description précise du jeune couple et celle du personnage fascinant et mystérieux de la nounou, c'est notre époque qui se révèle, avec sa conception de l'amour et de l'éducation, des rapports de domination et d'argent, des préjugés de classe ou de culture.
Le style sec et tranchant de Leïla Slimani, où percent des éclats de poésie ténébreuse, instaure dès les premières pages un suspense envoûtant.Leïla Slimani a publié Dans le jardin de l'ogre (Gallimard, 2014), Chanson douce (Gallimard, 2016), Prix Goncourt 2016 et Grand Prix des lectrices de Elle 2017, Le diable est dans les détails (L'aube, 2017), Le pays des autres (Gallimard, 2020), Grand Prix de l'Héroïne Madame Figaro 2020, Le parfum des fleurs de la nuit (Gallimard, 2021) et Regardez-nous danser (Gallimard, 2022) et La vie devant nous (Presses de la cité, 2022).
* 2015 : invitée au Festival du Premier Roman et des Littératures Contemporaines pour son premier roman Dans le jardin de l'ogre
* 2017 : sélection Prix Littéraire du 2e roman pour Chanson doucenonImageDans le jardin de l'ogre(Gallimard, 2014)Plus d'infos
"Une semaine qu'elle tient. Une semaine qu'elle n'a pas cédé. Adèle a été sage. En quatre jours, elle a couru trente-deux kilomètres. Elle est allée de Pigalle aux Champs-Élysées, du musée d'Orsay à Bercy. Elle a couru le matin sur les quais déserts. La nuit, sur le boulevard Rochechouart et la place de Clichy. Elle n'a pas bu d'alcool et elle s'est couchée tôt.
Mais cette nuit, elle en a rêvé et n'a pas pu se rendormir. Un rêve moite, interminable, qui s'est introduit en elle comme un souffle d'air chaud. Adèle ne peut plus penser qu'à ça. Elle se lève, boit un café très fort dans la maison endormie. Debout dans la cuisine, elle se balance d'un pied sur l'autre. Elle fume une cigarette. Sous la douche, elle a envie de se griffer, de se déchirer le corps en deux. Elle cogne son front contre le mur. Elle veut qu'on la saisisse, qu'on lui brise le crâne contre la vitre. Dès qu'elle ferme les yeux, elle entend les bruits, les soupirs, les hurlements, les coups. Un homme nu qui halète, une femme qui jouit. Elle voudrait n'être qu'un objet au milieu d'une horde, être dévorée, sucée, avalée tout entière. Qu'on lui pince les seins, qu'on lui morde le ventre. Elle veut être une poupée dans le jardin de l'ogre."