Luis Seabra

Qui de l’ambitieux Zuhl, de l’ énigmatique S. ou du docile Aloïs a fait disparaître un livre dangereux pour la survie de l’État policier dont ils sont les zélés serviteurs ? Fondé sur la « séparation préventive » des marginaux et des indésirables, ce régime a banni les livres d’imagination et les a remplacés par d’ étranges registres, véritables pièges narratifs où le vrai et le faux sont indémêlables. Son administration se montre aussi impitoyable avec les individus qu’ elle exclut qu’avec les agents qu’ elle soupçonne de trahison, ou même de simples dysfonctionnements. Zuhl, S. et Aloïs l’apprendront à leurs dépens dans leur course vers l’abîme.

À travers cette fable onirique, sinueuse comme le chemin du serpent, l’auteur nous emmène dans un univers trouble où la puissance du rêve défie la fiction du pouvoir, aux confins du réel et de l’imaginaire.

Linz, avocat mal vu du régime, est enfermé arbitrairement dans la prison de Schendorff, mastodonte pénitentiaire d’un État totalitaire d’un nouveau genre. Il ignore qu’il n’est qu’un rouage au sein d’un plan insensé mis en œuvre par F., un faux détenu travaillant en réalité pour le tout-puissant Ministère des Libertés et des privations publiques...